Lettre du 18 avril 2011 de J.F. Friolet au préfet des Bouches du Rhône en réaction à une demande d'autorisation de Lafarge pour transformer notre lac en décharge!

Publié le par protection-massif-delanerthe

M. Friolet découvre et nous apprend en date du 18 avril que le Préfet s'apprête à prendre un arrêté pour autoriser la décharge dans le lac d'ici quelques jours, or lors de notre rendez-vous avec M. Rolland, le directeur de Lafarge, ce monsieur nous a assuré que cela avait déjà été fait. Comme des imbéciles nous l'avons cru. Nous ne nous ferons plus prendre M. Rolland, ni les autres, nous vériefierons tous vos dires. Merci pour la leçon.


Monsieur le Préfet des Bouches du Rhône
à l'attention de Monsieur Berthoty
Direction des collectivités locales
Bureau des installations classées
Bd Paul Peytral
13282 Marseille cedex 20

 

Arrêts présents et à venir concernant les décharges d'inertes et le tri des déchets,
sur le bassin versant du vallon des Riaux et du lac de la Nerthe.


- Réclamations sur le fond : vous ne pouvez pas accorder un permis d'enfouissement d'inertes, sur une ancienne carrière, devenue un lac et un écosystème remarquable, qui est la seule réserve d'eau douce naturelle du bassin Marseillais.

- Réclamations sur la forme : le vote en Conseil d'Arrondissements du 12 novembre 2009, n'a pas été pris en connaissance des enjeux réels. Le rapport n'ayant pas de références géographiques précises, nous a induit en erreur sur la localisation, mais surtout sur la nature du site où une décharge d'inerte est prévue.

 

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Monsieur le Préfet,

Des habitants du chemin de la Nerthe, sur les hauts de l'Estaque, nous ont interpellé pour nous faire part de leurs préoccupations concernant les différents projets prévus sur ce secteur.

Ils sont très inquiets de l'entreposage des containers sur les carrières et de la construction de l'échangeur autoroutier du Jas de Rhode. (Si les containers étaient véhiculés par train ou par bateaux depuis les gares et les ports, vers leurs stations d'entreposage et d'entretien, ce qui relève d'une organisation des activités portuaires, ils
n'auraient pas à prendre la route et l'échangeur deviendrait inutile.)

Mais ce ne sont pas ces sujets qui motivent ce courrier écrit dans l'urgence. Il
apparaît que vous allez prendre sous peu, un arrêté autorisant la société Lafarge, à utiliser l'ancienne carrière dite de la Nerthe, devenue un grand lac naturel et sauvage, pour devenir une décharge d'inertes.

Très concerné par les déchets du BTP, j'ai d'ailleurs proposé à la Société Lafarge, de parler des développement du tri et du recyclage des entrants sur leurs plateformes. Ce message n'est donc pas une opposition de principe aux activités historiques de l'industriel, mais une interpellation sur l'opportunité du choix de ce lieu, plutôt qu'une autre ancienne carrière qui ne soit pas une zone humide.

Suite à la fin de l'exploitation de cette carrière d'argiles, cette excavation est devenue un lac naturel. Ce site d'une quinzaine d'hectares, se remplit grâce aux ruissellements et aux résurgences, qui forment la source du vallon des Riaux qui est un fleuve côtier. Peu fréquenté par les visiteurs, des espèces sauvages s'y développent, il est une halte pour les oiseaux migrateurs et est devenu la seule ressource en eau douce de qualité sur le massif de la Nerthe. L'exclusion de son bassin versant de la Znieff, qui correspond globalement à la propriété Lafarge, n'en fait pas moins un espace à préserver en priorité.

Par principe de précaution, quand bien même n'y seraient enfouis que des déchets inertes, au sens de l'arrêté ministériel du 15 mars 2006, personne ne peut garantir que ce lac ne sera pas pollué. Le fond marneux, étanche, va constituer un récipient où les déchets du bâtiments vont libérer leurs substances dans l'eau, formant une soupe de polluants, constituée de métaux lourds, de solvants, d'hydrocarbures, et d'autres molécules cancérigènes, mutagères et reprotoxiques, qui vont se dissoudre des peintures, des colles, et des additifs de toutes sortes utilisés dans les matériaux du bâtiment.

En respectant les principes de prévention édictés dans l'arrêté sus-nommé, dans une zone non-humide, on peut limiter ces impacts, jusqu'à la remise en forme finale. Dans un lac devenu naturel, aucune des opérations de tri ne suffira à garantir le maintient de la qualité des eaux de ce site, qui est le biotope d'une espèce de batraciens. Par prévention, vous pourriez considérer qu'il constitue une réserve d'eau, qui pourrait être mobilisable en cas d'accident sur les réseaux d'eau brute.

L'étude d'impact, dont on trouve un résumé dans l'annexe, ignore l'existence du lac même, ne s'attachant qu'à la période des travaux. Or, le maintient du lac, en organisant la maîtrise des rejets des ruissellements des déchets inertes stockés sur d'autres parcelles de Lafarge, serait facile à organiser. Préserver cette réserve d'eau et en finir avec les pompages, permettrait au contraire de revenir à un milieu de qualité jusqu'à la mer, ce qui se trouve être une opportunité rare dans la rade nord, où chacun des fleuves côtiers est largement pollué.

Sur la forme enfin, ces dossiers ne garantissent pas l'information minimale les élus et citoyens. Vos services donnent des appellations géographiques, soit disant locales, qui trompent tout le monde. L'indication des parcelles cadastrales, où des géolocalisations utilisables sur le Geoportail, ne prêteraient pas à interprétation. L'Agam, a commis quelques erreurs dans ses cartes, ce qui a contribué à la confusion. La Ville de Marseille, a quand à elle, pris l'habitude de ne plus nous transmettre les annexes lors des conseils d'arrondissements. Ainsi, ce dossier présenté par un élu du quartier, a été compris comme une amélioration de la décharge existante.

Aussi, je vous prie de bien vouloir réexaminer ce dossier au vu d'une nouvelle utilisation future, et de considérer que ce dossier est entaché d'irrégularités dans sa forme. Dans tous les cas j'aimerais être informer des suites que vous entendez donner.

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma haute considération.

Jean-François Friolet

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