Michèle Rivasi écrit à notre ministre de l'Ecologie!

De : Michèle Rivasi
Députée européenne
Parlement européen
Bât ASP 08G309
Rue Wiertz 60
B-1047 Bruxelles
Marseille, le 21 juin 2011
 
A : Madame Nathalie Kosciusko-Morizet
Ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement Grande Arche de la Défense
Tour Pascal A et B
92055 La Défense CEDEX

Madame la Ministre,

                Interpellée par le Collectif pour la protection du hameau de la Nerthe et de son massif, je me permets d’attirer votre attention sur ce dossier.
Le Collectif se mobilise pour préserver ce lieu emblématique et remarquable situé au dessus de l’Estaque dans les quartiers Nord de Marseille. Classé en Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Floristique et Faunistique (ZNIEFF II), le massif de la Nerthe abrite de nombreuses espèces à fort intérêt patrimonial. Riche d’histoire, le hameau porte la marque d l’une occupation précoce (vestiges gaulois) et les stigmates de la seconde guerre mondiale (Bunkers, fortifications…). Il a inspiré de nombreux peintres et cinéastes (une scène célèbre de « Marius et Jeannette » se passe sur le hameau de la Nerthe ). Enfin, ce site est le théâtre de pèlerinage vers l’antique Chapelle Notre Dame de la Galline et sa « Madone à la poule ».
Face à toutes ces richesses, la Communauté urbaine envisage d’ailleurs dans le cadre de la révision du PLU de classer une partie du Massif de la Nerthe dans le but de permettre la création d’un grand espace naturel péri- urbain l’échelle métropolitaine avec leur projet de Parc Cossimond qui « déclinera une série d’activités répondant à des objectifs de protection des espaces naturels, de sensibilisation à l’environnement et de détente ». Cependant, le hameau et ses alentours directs sont exclus de l’aire de protection malgré la volonté de ses habitants, exprimée dans le cadre de l’enquête publique de décembre 2010.

                En effet, quatre projets sont prévus sur ce site :
 - La création d’un pôle conteneurs de Marseille sur 25 ha d’anciennes carrières Lafarge (il s’agit de stocker à minima 12 500 « boîtes » aux abords directs du hameau ce qui occasionnera un mouvement moyen de 1000 camions / jour .
 - Condition sine qua non de réalisation de ce programme, il est prévu ll’ouverture dl’un échangeur autoroutier (Jas de Rhodes) pour ll’accès direct au pôle.
- Se rajoute à cela, le projet d’ouverture d’une installation de stockage de déchets inertes (devant recevoir les déchets des projets urbanistiques à Marseille â€"notamment Euromed 2) à hauteur de 200 000 tonnes par an (soit 41 camions / jour).
- Enfin, l’ouverture d’un centre de tri manuel et mécanique des déchets du BTP.
Ces projets, inscrits pour certains au PADD de la Ville de Marseille constituent une grave menace pour l’équilibre et la continuité écologique du site. Ils portent atteinte au patrimoine naturel, culturel et historique de la zone. Ils sont incompatibles et incohérents avec les autres projets environnementaux concernant le massif de la Nerthe.

                Je suis persuadée que des alternatives sont possibles notamment en ce qui concerne le stockage des conteneurs du Grand Port Maritime de Marseille (il doit être envisageable de les stocker sur son périmètre bassin ouest par exemple avec les extensions Fos 2XL par exemple).
Plusieurs milliers de marseillais ont signé la pétition initiée par le collectif local qui n’a pas qu’une démarche « nymbiste » puisqu’ils sont conscients du nécessaire déménagement des conteneurs des noyaux villageois qui subissent actuellement les nuisances.

                Le projet de l’échangeur du Jas de Rhodes, peut être le prélude à une urbanisation à moyen terme du site alors que Marseille a encore de grandes poches foncières lui permettant de densifier la ville sans développer le « mitage » et le grignotage de la ceinture verte de la ville.

                Je souhaite aussi attirer votre attention Madame la Ministre sur le projet de décharge de produits inertes sur le site du « Lac Bleu ». Si l’étude paysagère montre que l’on pourrait retrouver en fin d’exploitation un lieu réhabilité, cela ne va pas sans soulever des interrogations : l’étude d’impact par exemple, ignorant la présence de la faune et de la flore qui existe autour du lac ainsi que l’existence même de ce lac, nous apparaît partielle ou partiale.
D’autre part, je crains que les déchets inertes issus du territoire dl’Euroméditerranée, sur lequel étaient implantés de nombreuses activités industrielles polluantes, puissent eux mêmes être pollués. A priori, aucune étude n’a été effectuée quant à la toxicité de ces déchets et leur impact dans ce milieu naturel.
Par ailleurs, aucune étude hydrogéologique n’a à ma connaissance été menée relativement à l’impact qu’aurait le comblement du lac quant au maintien du niveau de l’eau. Enfin, ce lac sert aujourd’hui de bassin de rétention et aucune étude n’a été réalisée quant aux conséquences sur la sécurité des habitants en aval du site (dans le vallon des Riaux) en cas de comblement.

                Pour toutes ces raisons, et en vertu du principe de précaution que vous avez eu la sagesse de vouloir inscrire dans notre Loi fondamentale, je vous demande Madame la Ministre une remise à plat de l’intégralité de ces projets. L’Etat et les collectivités locales souhaitent en lien avec les populations locales la valorisation écologique du massif de la Nerthe. Ces projets seraient de funestes tâches portées à cet espace naturel d’exception, véritable « poumon vert » pour les Estaquéens et les habitants de Marseille.

                Je me tiens à votre disposition pour une visite in-situ si vous le souhaitez et vous prie de croire, Madame la Ministre en l’expression de ma parfaite considération.

Michèle RIVASI , Députée européenne

Merci à Mme Rivasi pour ce courrier et son engagement.